Des choses cachées depuis la fondation du monde

Des choses cachées depuis la création du monde

Recherches avec Jean Michel Oughourlian et Guy Lefort

Ouvrage de René GIRARD,

publié à Paris, chez Grasset, en 1978.

La quatrième de couverture : « On savait depuis la Violence et le sacré, que toute société humaine et fondée sur la violence, mais une violence tenue à distance et comme transfigurée dans l’ordre du sacré. Dans ce nouveau livre, René Girard applique cette intuition originaire au grand recueil mythique de la mémoire occidentale, c’est-à-dire la Bible qui est toute entière selon lui, le cheminement inouï vers le Dieu non violent de notre civilisation. Il s’ensuit une relecture critique et proprement révolutionnaire du texte évangélique qui apparaît d’un coup comme un grand texte anthropologique, le seul à révéler pleinement le mécanisme victimaire. Il s’ensuit aussi la fondation d’une nouvelle psychologie fondée sur un mécanisme simple et universel que Girard appelle la « mimésis » et qui permet de faire le partage entre les processus d’appropriation, générateurs de violence, et les antagonismes, producteurs de sacré. Chemin faisant, on assiste à de magistrales analyses comparatives de Proust, Dostoïevski, de Freud et de Sophocle, à la lumière de cette notion nouvelle et qui se révèle particulièrement féconde du «désir mimétique». (…)

Table des matières du LIVRE I : ANTHROPOLOGIE FONDAMENTALE (in extenso)

Chapitre I : Le mécanisme victimaire : fondement du religieux
A. Mimésis d’appropriation et rivalité mimétique B. Fonction de l’interdit : prohibition du mimétique C. Fonction du rite : exigence mimétique D. Sacrifice et mécanisme victimaire E. Théorie du religieux
Chapitre II : Genèse de la culture et des institutions
A. Variantes rituelles B. La royauté sacrée et le pouvoir central C. Polyvalence rituelle et spécificité institutionnelle D. Domestication animale et chasse rituelle E. Les interdits sexuels et le principe de l’échange F. La mort et les funérailles
Chapitre III : Processus d’hominisation A. Position du problème B. Éthologie et ethnologie C. Mécanisme victimaire et hominisation D. Le signifiant transcendantal
Chapitre IV : Les mythes : le lynchage fondateur camouflé
A. «Elimination radicale» B.«Connotation négative» et «connotation positive» C.  Signes physiques de la victime émissaire
Chapitre V : Les textes de persécution A. Texte mythique et référent B. Les textes de persécution C.La persécution démystifiée, monopole du monde occidental et moderne D. Double charge sémantique de l’expression «bouc émissaire» E. Émergence historique du mécanisme du bouc émissaire

Des choses cachées depuis la fondation du monde bouc émissaire

La théorie du désir et de la rivalité mimétiques ; les intuitions théoriques de René Girard.

 

Dans le LIVRE III, le Chapitre I est intitulé « Le désir mimétique » et comporte notamment « Mimésis d’appropriation et désir mimétique » (A), « Crise mimétique et dynamisme du désir » (C.) et « Mimésis d’apprentissage et mimésis de rivalité » (D.). Il se termine par « De la rivalité mimétique au désir métaphysique » (F.)
On y trouve : « C’est de la rivalité pour l’objet, c’est de la mimesis d’appropriation dont il faut toujours partir. […] On peut ramener à ce mécanisme non seulement les interdits mais les rites, et l’organisation religieuse dans son ensemble. C’est une théorie complète de la culture humaine qui… se [dessine] à partir de ce seul et unique principe. » (p.27).

Et une conception originale de l’imitation : « On croit qu’en insistant sur le rôle de l’imitation on va mettre l’accent sur les aspects grégaires de l’humanité, sur tout ce qui nous transforme en troupeaux. […] En donnant le beau rôle à l’imitation on se rendrait complice, peut-être, de tout ce qui nous asservit et nous uniformise. » (p. 15-16)

Qui l’invite à poser l’imitation comme « fondement unique de l’harmonie sociale et du progrès. » (p. 16)
Il y est également développé : « La mort de la victime métamorphose les rapports au sein de la communauté. Le passage de la discorde à la concorde n’est pas attribué à sa cause véritable, le mimétisme unificateur de la violence collective, mais à la victime elle- même (…) elle [la communauté] imagine cette pensée [la pensée religieuse] une quasi-substance maléfique, le sacré, qui se polariserait sur la victime et deviendrait bénéfique par l’entremise de l’opération sacrificielle, et par son expulsion hors de la communauté« .pp. 56-57.
p.33, cette idée fondamentale : «À l’opposition de chacun contre chacun succède brusquement l’opposition de tous contre un. À la multiplicité chaotique des conflits particuliers succède d’un seul coup la simplicité d’un antagonisme unique : toute la communauté d’un côté et de l’autre la victime. On comprend sans peine en quoi consiste cette résolution sacrificielle; la communauté se retrouve tout entière solidaire, aux dépens d’une victime non seulement incapable de se défendre, mais totalement impuissante à susciter la vengeance; sa mise à mal ne saurait provoquer de nouveaux troubles et faire rebondir la crise puisqu’elle unit tout le monde contre elle»

Voir le passage vidéo de l’auteur à l’émission Apostrophes (1978)

Un compte-rendu dans Persée très, très critique : ici

Suivi d’une belle bibliographie, un compte-rendu fouillé qui se conclut par : « L’anthropologie, fondamentale de René Girard appelle donc des réfutations partielles »